Nos médias ont un nouveau héros: Louis Robert. Un lanceur d’alerte qui, par son courage, a tenu tête contre vents et marées aux ‘’forces obscures’’, comprendre le lobby des pesticides et des intrants. Scénario parfait pour cadrer dans la ligne éditoriale des médias. Un gentil qui dresse un portrait inquiétant (mais inexact) de la réalité agricole et nous offre des solutions simples pour sauver le monde et se débarrasser des méchants. Comme un film de Disney. Pourquoi changer une formule gagnante.
Soyons clairs : Louis Robert a la réputation d’être un excellent agronome de terrain et a grandement contribué à l’amélioration des pratiques agricoles au Québec. On peut certainement le remercier d’avoir consacré sa carrière à sensibiliser le monde agricole à l’importance de la santé des sols. Il a été un vulgarisateur précieux pour bien des agriculteurs et des agronomes. En 2018, il a lancé un pavé dans la mare en dénonçant l’ingérence démesurée du privé dans les recherches financées par l’argent public.1 Il a démontré que des changements étaient nécessaires. J’ai comme l’impression qu’il nous manque quelques détails dans cette histoire d’ingérence et que la réalité est un peu plus nuancée que ce que nous présentent Louis Robert et les médias. Reste que certaines choses doivent indéniablement changer.
Je le répète,Louis Robert l’agronome et l’homme de terrain mérite le respect, mais certaines de ses déclarations et plusieurs passages de son livre sorti le mois dernier me laissent plutôt perplexe.
Toute cette affaire a d’ailleurs bien mal commencé. On peut certainement se demander pourquoi Louis Robert a choisi le journaliste Thomas Gerbet de Radio-Canada pour faire passer son message. Pour rester poli, disons que M. Gerbet n’est pas un exemple de journalisme rigoureux. C’est plutôt un activiste avec une carte de presse, dont le travail repose bien davantage sur le sensationnalisme que sur les informations pertinentes. Bref, ce choix démontre selon moi un manque de jugement de la part de monsieur Robert. Il aurait bien pu faire passer son message par l’intermédiaire de journalistes professionnels comme Nicholas Mesly, Daphné Cameron ou Jean françois Cliche, pour ne nommer qu’eux. Monsieur Robert doit être parfaitement conscient que le monde agricole est en déficit important de couverture nuancée alors pourquoi contribuer au problème?
C’est d’ailleurs ce que certains lui reprochent dans cette histoire : des interventions médiatiques tranchées et la généralisation de certains problèmes, certes réels, mais qui ne représentent pas l’ensemble du monde agricole.
I’m from the MAPAQ and I’m here to help!2
On peut résumer, cette affaire en paraphrasant Louis Robert qui a lui-même paraphrasé Étienne de la Boétie : Les lobbies privés sont puissants parce que l’État a sacré le camp. En effet,dans les dernières décennies, le gouvernement a coupé massivement dans les budgets de recherche et réduit de façon radicale le nombre d’agronomes de terrain payés par les fonds publics. Il y avait dès lors un vide à combler, le privé s’en est chargé. Certainement pas une situation idéale, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi Monsieur Robert s’acharne sur le privé ou les agronomes dits liés (employés par les compagnies d’intrants agricoles)
Pourquoi ne pas tout simplement militer pour injecter davantage d’argent en recherche publique au lieu de condamner les partenariats public-privé? Évidemment, les pressions de non-publication d’études par le privé sont répréhensibles, mais dire que l’industrie serait toujours en contradiction avec l’intérêt du public ne reflète pas la réalité. Comme si rien de bon ne pouvait sortir de ces collaborations, comme si l’intérêt du privé ne pouvait jamais être aligné avec l’intérêt général. Pourtant, elles sont parfois bien pratiques pour explorer des secteurs de recherche trop risqués pour que le privé s’y lance seul. Il devient alors possible de développer des technologies et des connaissances innovantes qui profiteront à tout le monde. Il ne s’agit pas de vouloir socialiser les risques et de privatiser les profits, mais plutôt de déterminer les conditions gagnantes pour tous.
Je ne saisis pas davantage l’argument qu’il faille séparer le conseil et l’acte de vente. Bon, oui, d’accord, je comprends le concept de conflit d’intérêt. Sauf que, pas besoin d’être extrêmement créatif pour penser à des solutions pour régler en partie le problème de l’incitatif à vendre plus que de raison. Déjà, contrairement à la croyance populaire, les agriculteurs ne sont pas des ignares en matière de bonnes pratiques agronomiques, bien au contraire. Ce sont des entrepreneurs dont les minces marges de profit ne leur permettent pas d’acheter trop de produits inutiles. C’est un milieu où la confiance est primordiale et où un vendeux de pesticides trop insistant, qui userait de recommandations abusives ne ferait pas vieux os dans cette carrière. La confiance se gagne en goutte et se perd en litre. Pas qu’il n’existe pas d’agriculteurs cabochons ou crédules qui se font rouler dans la farine par des vendeurs sans scrupule, mais il y a quand même des normes environnementales à respecter. Bref, ce n’est pas non plus le Far West. Si vous cherchez une lecture d’été, je vous conseille le Guide de référence du règlement sur les exploitations agricoles. Paaaassionnant.
Bien sûr que recevoir des ristournes, des commissions ou d’autres avantages selon ses ventes est problématique. Cependant, le code de déontologie des agronomes du Québec est clair là-dessus: l‘article 31 indique qu’un agronome doit s’abstenir de recevoir, en plus de la rémunération à laquelle il a droit, tout avantage, ristourne ou commission relatifs à l’exercice de sa profession. Reste à trouver comment l’appliquer rigoureusement sur le terrain. Je ne vois pas en quoi retirer les agronomes ou le droit de conseil au secteur de la vente soit un plus. Je ne crois pas que les agriculteurs seraient bien contents de voir un adolescent prépubère sans connaissance ni droit de conseiller débarquer sur leur ferme pour conclure une vente. Pourquoi ne pas, encore une fois, simplement militer pour mettre plus d’agronomes indépendants sur le terrain? Agronomes, qui viendraient enrichir la conversation et donner un avis de plus pour épauler l’agriculteur dans les décisions complexes relatives à la gestion d’une ferme. On m’a dit à plusieurs reprises que l’expertise agronomique des intrants est en grande partie dans le privé maintenant et que si l’on désire des changements, ils ne se feront pas du jour au lendemain. Le manque d’expertise dans le champ est criant au MAPAQ. Depuis plusieurs années maintenant, c’est surtout le privé qu’on voit sur les fermes, bottes au pied et pelle en main. (c’est une tendance générale avec des exceptions régionales)
Portrait d’une époque révolue
Une des batailles livrées par Louis Robert tout au long de sa carrière a été de s’opposer aux recommandations souvent excessives d’application de phosphore (P) au champ. En effet, si les terres du Québec étaient historiquement pauvres en phosphore, on ne peut pas nier qu’il s’est fait un peu du n’importe quoi en matière de fertilisation. On en paye encore le prix aujourd’hui. Mais on est maintenant loin, très loin même, de l’époque où on pouvait appliquer le purin à l’aide de canons sans trop réfléchir. Bien du chemin a été fait depuis le début des années 803. C’est pourquoi on s’étonne quand on entend Louis Robert dire que :peu de travail a été accompli pour baisser l’apport de phosphate et intervenir à la source, c’est-à-dire pour minimiser son épandage sur les terres.’’ Le concept de bilan phosphore et le Plan agroenvironnemental de fertilisation (PAEF) ont été introduits en 2002 et ont permis en grande partie de gérer de façon adéquate les apports en phosphate sur les terres agricoles québécoises .4 C’est vrai, le problème d’eutrophisation des cours d’eau est toujours préoccupant à bien des endroits. Mais il faut comprendre que la source du problème n’est plus vraiment la surfertilisation en phosphate, mais bien l’érosion des sols, le non-respect des bandes riveraines et l’apport en phosphore domestique5. La réduction du phosphore déjà accumulé dans les sols agricoles sera longue et complexe. En effet, même dans un sol en surplus, il est en général nécessaire d’appliquer du phosphore pour compenser la faible biodisponibilité du (P) fixé dans le sol. On le voit, les effets de notre prise de conscience ne peuvent régler du jour au lendemain les problèmes de la qualité des cours d’eau. Il faut cependant reconnaître que le plus gros du travail pour réduire la pollution par les phosphates réside non plus dans la réduction de l’application au champ, mais bien dans l’atténuation des pertes dans l’environnement (haies brise vent, bande riveraines, cultures de couverture, bassins de rétention, semis direct, meilleures techniques d’application, etc.). Dire que peu a été fait pour limiter l’apport en phosphore et la contamination des eaux relève de la mauvaise foi. Depuis les 35 dernières années, on a observé des baisses moyennes de concentration de 64% et ce dans la majorité des rivières au Québec.6 Un progrès réel sachant que bien des pâturages et des champs de production fourragère ont été perdus au cours des dernières décennies au profit de cultures annuelles. Ce qui ajoute à la difficulté de limiter la contamination des cours d’eau.
‘’Plus t’en met plus t’auras de rendement’’ serait, selon Louis Robert, le genre d’argument utilisé par l’industrie pour vendre toujours plus. C’est peut-être ce que pourrait dire Mononcle Gérard juste avant de brûler sa pelouse à l’azote, mais un agronome… J’en doute. S’ils ne s’entendent pas nécessairement sur la dose adéquate de fertilisation, les agronomes sont tous bien conscients du concept de «niveau de suffisance» parce que….c’est pas mal la base. Bien déterminer la dose de phosphore n’est pas chose facile et se fier à une grille de recommandation est hasardeux, car les chiffres indiqués représentent des moyennes. L’agronome doit donc tenir compte de plusieurs variables comme les besoins en fonction du prélèvement par la plante, la disponibilité et la quantité dans le sol, la rétention et le risque de pollution (pente, type de sol, type de travail du sol, etc..). Selon Louis Robert, on recommanderait l’application de trois fois plus de phosphore (P) au Québec que chez nos voisins ontariens.7 Or, la comparaison entre juridictions n’est pas vraiment pertinente puisque les méthodes d’analyse16, les types de sol et les philosophies de fertilisation diffèrent. L’utilisation par Louis Robert de l’expression ‘’moyennement riche’’, un concept vague et subjectif et n’est plus de mise au Québec. On parle plutôt d’intervalles objectifs d’analyse de sol (rapport P/AI : disponibilité du P à la plante / rétention du P dans le sol). Le guide de fertilisation du CRAAQ le précise bien : les grilles de fertilisation ont un caractère général. Pour chaque agroécosystèmes, les recommandations devront aussi tenir compte des caractéristiques du sol, du travail du sol, de la culture, du cultivar, des précédents culturaux, des matières fertilisantes disponibles, des conditions bioclimatiques, de la protection de l’eau et de plusieurs autres facteurs.
L’agronomie est une science locale. On peut donc s’interroger sur la pertinence de comparer des recommandations comme le fait Louis Robert. On ne fait pas avancer le débat en lançant des chiffres sortis de leur contexte. Mettre la faute sur le dos du privé qui influencerait la rédaction des guides de fertilisation ou la quantité vendue ne tient pas la route.17 Si l’on regarde bien dans le guide de fertilisation du CRAAQ, on peut voir qu’il n’y a seulement 7 personnes provenant du privé sur 51 rédacteurs et qu’ils n’ont pu participer à la rédaction de seulement deux chapitres portant sur la gestion de l’azote et les types d’engrais (chapitre 5 et 9). N’est-il pas normal que le privé participe à un chapitre portant sur les engrais de synthèses disponibles sur le marché? Mentionnons aussi que les engrais de synthèse représentent seulement 35% du phosphate appliqué et que son utilisation à été réduite de près de 25% depuis 2002. Bref, monsieur Robert coupe les coins pas mal ronds dans cette histoire de phosphore.

Le livre
Outre ses révélations sur l’ingérence parfois troublante du privé, mais dont il parle depuis maintenant trois ans, monsieur Robert part souvent sur une couple de chires plutôt étranges. Il semble avoir une dent contre le productivisme qui, selon l’agronome qui signe la préface, est une visée contraire à la santé des sols. Ce qui est contraire à la santé des sols, c’est l’agriculture. Le productivisme n’a rien à y voir. Ce qui détermine la bonne ou mauvaise santé des sols n’est pas le rendement, mais bien les pratiques agronomiques. C’est plutôt la mauvaise santé des sols qui est contraire au productivisme et non l’inverse.
Dans son livre, Louis Robert conteste les arguments de l’écologue Serge-Étienne Parent qui voit dans le productivisme et l’intensification écologique une solution plus durable que la production biologique. Rappelons que le bio a en moyenne une empreinte écologique plus grande par unitée de production que le conventionnel6 et que son cahier de charge est en grande partie basé sur des croyances irrationnelles et non scientifiques. Les arguments de Louis Robert sont plutôt incohérents et difficiles à suivre. Comme par exemple: « S’il est indéniable que le rendement de maïs obtenu actuellement dans les fermes biologiques est en moyenne inférieur au rendement du maïs conventionnel (ce qui donnerait raison à l’ingénieur écologue), il est hasardeux d’en conclure à une productivité supérieure du conventionnel » En d’autres mots, il est hasardeux de conclure à un rendement supérieur du conventionnel bien qu’il soit indéniablement supérieur… Bien sûr, rendement et productivité ne sont pas vraiment synonymes, mais comme Louis Robert ne semble pas le savoir9, sa phrase n’a aucun sens. Il poursuit en disant que les écarts sont dus au fait que ‘’les méthodes culturales biologiques sont en développement et que les entreprises bio n’ont pas atteint leur vitesse de croisière »… Ouin, bon d’accord, mais ça fait 10 000 ans que les méthodes du bio sont en développement, combien d’années encore nous faudra-t-il attendre avant le grand jour. Sachant surtout que l’agronome rejette le modèle industriel (terme fourre-tout) on voit bien mal comment son idéal de société serait possible sans retourner une bonne partie de la population au champ.10 De plus, ce n’est pas comme si le monde non bio allait faire du surplace en attendant. Avec le potentiel des nouvelles techniques d’édition génomique- que refuse le bio par dogme…ou marketing- et le perfectionnement de l’agriculture de précision, le fossé entre le conventionnel et le bio en matière de rendement ou de diminution de l’empreinte écologique ne peut que s’élargir.
Monsieur Robert, qui reproche au chercheur Serge Étienne Parent de mal étayer ses opinions,18 est lui-même bien avare d’études scientifiques à l’appui de ses thèses. Il prétend que le biologique peut parfaitement relever le défi du rendement et de la rentabilité et que nous possédons tous les outils pour améliorer le bio. Malheureusement, il ne fournit pas d’exemples de ces fameux outils hormis les cultures de couverture qui, rappelons-le, sont aussi utilisées en conventionnel. Bizarrement, il cite une étude sur les «covercrop» qui dit l’opposé de ce qu’il avance11. Il explique que les meilleurs producteurs en maïs bio atteignent les rendements moyens du conventionnel. Si le bio ne peut faire mieux que la moyenne du conventionnel je ne vois pas en quoi il est l’avenir de l’agriculture. Cet agronome spécialiste des grandes cultures, est bien au courant que sans herbicide, conserver la santé et la structure des sols est une tâche difficile à moins d’importer une quantité importante de matière organique ou de pratiquer des années de jachère. Les techniques de semis directs sans herbicide avancent tranquillement, mais sont loin d’être au point. Le bio doit utiliser presque systématiquement le travail du sol ce qui malheureusement n’est pas pour le bien de la terre.
Fréquentation douteuse
Avant de lire son livre, j’avais assisté à un panel de discussion en ligne où Louis Robert partageait la ‘’scène’’ avec des gens douteux (Thibault Rehn de vigilance OGM) voire très douteux (Arnaud Apoteker). J’avais été surpris par ce manque de jugement de la part de l’agronome vedette qui acceptait de partager la scène avec l’industrie de la désinformation. Reconnu pour ne pas avoir la langue dans sa poche, Louis Robert demeurait remarquablement silencieux lorsque les panélistes proféraient des âneries de haute voltige. Pour cause ! En effet, à la lecture du livre, j’ai compris qu’en fait Louis Robert partageait certaines de leurs opinions idéologiques anti-OGM. Position plutôt étrange pour un homme de science bien au fait de la réalité agricole.

Son premier argument dans le livre pour discréditer les OGM consiste à affirmer qu’ils n’ont pas vraiment augmenté les rendements de façon importante. Cela débute bien mal. En effet, les OGM utilisés massivement en Amérique se classent en deux catégories: tolérance à un ou plusieurs herbicides (TH) et/ou incorporation de gènes BT pour contrôler certains ravageurs. La mise au point de ces technologies OGM n’avait pas pour objectif premier l’accroissement des rendements, mais bien la conservation du potentiel de rendement. En effet, avant l’arrivée de ces OGM, les mauvaises herbes et les ravageurs étaient contrôlés de façon suffisante pour préserver les rendements. Les OGM (TH et BT) sont venus seulement offrir des outils mieux adaptés qui facilitent la vie des agriculteurs et réduisent l’impact environnemental global.
Mais là où Louis Robert tombe dans le grand n’importe quoi sur les OGM, c’est lorsqu’il nous sert les clichés des militants anti-OGM. Son opposition aux organismes génétiquement modifiés serait d’ordre éthique: il s’opposerait au contrôle du vivant et de l’accaparement de la génétique des cultures par des intérêts exclusivement commerciaux. Selon lui, il est immoral de ne pas laisser à l’agriculteur son libre choix dans l’achat de semences et les OGM en grande culture reposent sur une base génétique peu diversifiée et ne disposent plus de la défense génétique de leurs ancêtres. Il faudrait une autre chronique juste pour décortiquer ces arguments. Rappelons simplement que les droits de propriété intellectuelle (brevet aux États-Unis et certificat d’obtention végétale ou COV dans le reste du monde occidental) s’appliquent à l’ensemble de la filière des semences et non simplement aux OGM.12 13 La recherche et le développement de nouvelles semences demandent temps et argent. La suppression de la propriété intellectuelle se traduirait par la fin de la recherche privée pour développer des cultures mieux adaptées à nos besoins. Personne ne serait gagnant. Les agriculteurs détiennent la possibilité de choisir les semences qui leur conviennent. Il est absurde de dire qu’ils n’ont pas le libre choix. Encore une fois, le jupon idéologique anti-industrie dépasse. Pourquoi ne pas militer pour plus de recherche et de développement de nouvelles semences avec les fonds publics (libre de droits) ? Des partenariats public-privé ont d’ailleurs donné lieu à deux cas célèbres d’OGM : le riz doré (libre de droit aux petits producteurs) et la papaye résistante au virus des taches en anneau. Je ne dis pas que tous les OGM (c’est du cas par cas), les brevets, les COV et la consolidation des semenciers soient exempts de critique, mais de grâce, évitons la simplification grossière, malhonnête et naïve sur le sujet.
Autre problème, lorsqu’il nuance ses propos, Louis Robert se contredit souvent. Il a dit à plusieurs reprises que la recherche en agriculture n’était plus nécessaire, puisque nous avions suffisamment de solutions qu’il suffisait d’appliquer. Plus besoin de recherche en agriculture???

Pour ensuite écrire:« Bien qu’il reste beaucoup de recherches à effectuer ou à achever sur certains aspects techniques de la lutte contre les ennemis de la culture, je demeure convaincu que nous pouvons dès maintenant accomplir des progrès importants». Bien évidemment, mais des investissements majeurs en recherche demeurent nécessaires pour permettre de réduire les impacts environnementaux de l’agriculture et préparer le monde agricole aux défis de demain. La recherche est le nerf de la guerre en agriculture, que ce soit au public, au privé ou en partenariat. Prétendre le contraire est absurde.

Don Quichotte ou héros national?
Alors ce Louis Robert, Don Quichotte ou héros national? Encore une fois, distinguons l’homme de terrain et l’homme médiatique (et auteur). On a bien sûr le droit d’utiliser de façon péjorative des mots comme productivisme, agriculture industrielle, OGM et intrants de synthèse sauf que cela demeure des positionnements idéologiques: aucun de ces concepts ou mots n’est intrinsèquement bon ou mauvais. Ce qui nous amène à revoir cette image de lanceur d’alerte qui aurait été bâillonné par les forces obscures. À défaut de connaître tous les détails de l’histoire, difficile de donner entièrement raison ou tort à Louis Robert. On peut comprendre qu’un agronome aux positions anti-industrie soit surveillé de près par le privé. À voir la propension de Louis Robert à dire parfois un peu n’importe quoi, on peut se douter que le privé ne perd pas une occasion de le mettre dans l’embarras auprès de son employeur question de rappeler l’agronome à l’ordre. À l’employeur de juger de la validité de la plainte.
On a reproché à Louis Robert d’être allé aux roches pour en tirer un peu partout autour de lui pour faire bouger les choses. Évidemment, je serais bien mal placé pour condamner les pitcheux de roches. Par contre, je considère qu’il vise bien mal et qu’il a fait beaucoup de dommages collatéraux. Son acharnement sur le privé frôle parfois le ridicule et selon moi, il manque souvent de jugement.Comme lanceur d’alerte, il a sans aucun doute mis au jour certains abus du privé (pression en vue de non-publication d’études, vente à commission des intrants agricoles). Évidemment, bien des nuances se perdent dans ce genre de dossier surtout quand les débats se font sur la place publique. Ceci dit, je trouve que Louis Robert a eu suffisamment l’occasion médiatique pour rectifier le tir et il ne l’a malheureusement pas fait.
Louis Robert, qui s’était présenté à la présidence le l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ) et qui a perdu de justesse les élections, y a vu encore une fois l’emprise du privé, qui aurait transformé cet organisme en une association de renards.14On peut évidemment penser que certains agronomes liés n’ont pas voté pour l’agronome vedette par crainte de voir disparaître leur prime ou leur voyage à Punta-coco. Cet argument se dégonfle cependant quand on sait que les agronomes liés représentent 16%15 des membres de l’Ordre. On peut plutôt s’imaginer que bien des agronomes qui auraient aimé voir des changements s’opérer à l’OAQ n’ont pas vu en Louis Robert l’homme de la situation. Je les comprends.
Pour résumer, on veut plus de Louis Robert au champ qui intervient à la ferme, que de Louis Robert dans le champ qui intervient dans les médias.

—————————————–fin————————————————
C’est ici que ça se passe, question de me mettre en conflit d’intérêts…ou m’encourager à écrire.
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3. (RPPEEPA)-1981 (PAAGF)-1988 (PAIA)-1997 RRPOA-1997
REA et bilan phosphore-2002
5. Une fraction non négligeable du phosphore (22 %) provient aussi des eaux municipales traitées. Alors que 26 % des stations procèdent à une déphosphatation de leurs eaux usées durant toute l’année, 65 % d’entre elles n’effectuent une déphosphatation que pendant une période de six mois (mai à octobre) et 8 % n’enlèvent pas le phosphore. http://belsp.uqtr.ca/id/eprint/1204/1/Simoneau_2017_Qualite_eau_tributaires_LSP_1979-2014_A.pdf
6. 1979-2014, effectuée à l’aide de l’approche EGRET, montre des tendances significatives à la baisse pour les huit tributaires du lac Saint-Pierre qui ont fait l’objet d’un suivi régulier tout au cours de cette période (tableau 6 et annexe 8). Les diminutions de concentrations observées pour la période de 1981 à 2012 sont en moyenne de 0,087 mg P/L, variant de 0,027 mg P/L pour la rivière Richelieu à 0,170 mg P/L pour la rivière Yamaska. Exprimées en pourcentage, les baisses varient en moyenne de 64 %, soit de 47 % pour la rivière Richelieu à 72 % pour la rivière SaintFrançois. http://belsp.uqtr.ca/id/eprint/1204/1/Simoneau_2017_Qualite_eau_tributaires_LSP_1979-2014_A.pdf
7. Citation du livre de Louis Robert: Ainsi, au Québec, pour cultiver du maïs-grain sur un sol considéré comme moyennement riche en phosphore, on recommande 60 kilogrammes à l’hectare (kg/ha) d’engrais phosphatés (P2O5), alors que la norme pour le même type de sol est de… 0 kg/ha en Iowa et dans l’État de New York. En Ontario, elle est de 20 kg/ha. Comment expliquer ces différences ? Si les travaux de recherche permettant de fixer ces recommandations sont les mêmes, comme c’est le cas pour les engrais de ferme, il faut alors s’intéresser à la façon dont les résultats obtenus sont interprétés (ou biaisés ?) par les intérêts commerciaux.
8. Je m’auto cite :https://agricolincredule.ca/2021/01/21/lagriculture-ecologique-nest-pas-une-question-de-feeling/
9. définition de productivité selon Louis Robert: productivité (rendement par unité de surface). Rendement et productivité sont des mots qu’on utilise comme synonyme mais en générale lorsqu’on parle de rendement cela fait référence à la quantité produite par unité de surface. La productivité peut faire référence à la quantité produite par mains d’œuvre, la quantité de produit fini par quantité d’intrant etc On peut à la limite parler de productivité d’une unité de surface à produire plusieurs récolte par année. Bref ce ne sont pas des termes très bien définis dans le langage courant.
10) « La difficulté principale à résoudre ensuite sera d’éviter de bâtir de telles entreprises en empruntant le modèle industriel. » Extrait de: Louis Robert (De (auteur)) Claire Bolduc (Préface de). « Pour le bien de la terre. » Livres.
11)Louis Robert conclu:« Mais on sait déjà que les mélanges produisent plus de biomasse (l’ensemble de la végétation) que les semis mono-espèces, et que l’effet répressif sur les mauvaises herbes est souvent proportionnel à la biomasse. »en citant l’étude qui conclu: This study supports the long‐held assumption that increasing biomass can enhance certain ecosystem services from cover crops; however, because the mixtures tested did not produce more biomass than high yielding monocultures, opportunities to increase biomass‐driven services with mixtures may be limited. https://acsess.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.2134/agronj15.0182
12. https://theierecosmique.com/2015/12/23/ogm-brevet/
14.« L’animateur de radio Paul Arcand a adroitement résumé la situation au lendemain du vote : « On demande à des agronomes majoritairement en situation de conflit d’intérêts de choisir entre un candidat qui veut mettre fin à cette situation et un autre qui promet le statu quo. On peut facilement prédire le résultat du vote ! »
Extrait de: Louis Robert (De (auteur)) Claire Bolduc (Préface de). « Pour le bien de la terre. » Livres.
15. https://oaq.qc.ca/la-profession/profil-et-statistiques/
16. méthode Olsen en Ontarion, D’autres méthodes, qui sont utilisées dans des provinces ou États voisins, comme le test Mehlich-3 ou la méthode Bray donnent des résultats variables en sols alcalins et ne sont donc pas reconnues en Ontario. ou alors CNAL Morgan solution à Cornell University
http://www.omafra.gov.on.ca/french/engineer/facts/06-032.htm
https://courses.cit.cornell.edu/css412/mod3/ext_m3_pg4.htm
18.«il va sans dire que l’article de Serge-Étienne Parent a suscité de nombreuses réactions. Ce texte présente bien peu de faits scientifiques, mais plutôt des énoncés d’opinion. »
Extrait de: Louis Robert (De (auteur)) Claire Bolduc (Préface de). « Pour le bien de la terre. » Livres.
Merci beaucoup pour cet excellent texte plein de nuances.
Au plaisir de continuer à vous lire. Gilbert « nous ne devons pas croire avant d’avoir épuisé toutes les chances de savoir » Musil
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